• Aug 25, 2025

Condamnées à s’exposer à Bitcoin

  • Le Crypto Coach
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Même quand elles jurent l’inverse, les institutions financières s’exposent bien malgré elles à Bitcoin. Et de plus en plus !

Pourquoi les institutions financières n’ont plus vraiment le choix ?

Même quand elles jurent l’inverse, les institutions financières s’exposent de plus en plus au Bitcoin. Pas par militantisme crypto. Pas par idéologie. Mais par simple nécessité stratégique. L’infrastructure d’investissement, les produits disponibles et les attentes des clients imposent désormais une exposition directe ou indirecte.

L’indice ne ment pas

Premier canal d’exposition : l’indexation. Répliquer un grand indice boursier, c’est automatiquement détenir des entreprises corrélées au bitcoin. Le cas le plus frappant : Strategy Inc. (anciennement MicroStrategy). Depuis son repositionnement comme « Bitcoin Treasury Company », l’entreprise détient plus de 629 000 bitcoins, soit le plus grand bilan corporatif en la matière. Refuser d’inclure ce titre dans un portefeuille indexé « par principe » crée un écart de suivi vis-à-vis de l’indice de référence. Or, pour un gestionnaire, ce type de déviation n’est pas une posture morale : c’est un risque professionnel.

Les ETF changent la donne

Deuxième canal : les fonds négociés en bourse (ETF) sur bitcoin au comptant. Leur arrivée a industrialisé l’accès à l’actif. Là où l’exposition nécessitait jadis des véhicules complexes, une allocation de 1 à 5 % peut désormais s’insérer proprement dans un portefeuille multi-actifs. Les gestionnaires qui refusent d’offrir ces produits voient leurs clients — et leurs actifs sous gestion — filer vers des concurrents plus accommodants.

La pression vient des clients

Troisième canal : la demande. Les clients institutionnels demandent trois choses : accès, garde, exécution. Ne pas répondre à ces besoins, c’est perdre des revenus sur toute la chaîne de valeur : commissions, dérivés, prêts adossés, analyses de marché. Même une posture « défensive » — offrir uniquement un ETF — génère déjà une exposition économique au cycle de Bitcoin.

Les freins comptables sont tombés

Jusqu’à récemment, les directions financières avaient un argument solide pour repousser Bitcoin : le traitement comptable. Le modèle « coût moins dépréciation » transformait chaque baisse de prix en perte sèche, sans jamais reconnaître les reprises de valeur. Mais depuis 2025, la norme FASB ASU 2023-08 impose la juste valeur. Les crypto-actifs sont désormais traités comme n’importe quel actif financier : variations intégrées au résultat net, outils de couverture, assurance et garde ségréguée. Autrement dit, les obstacles techniques s’effondrent.

L’abstinence a un coût

Refuser Bitcoin, ce n’est plus « jouer la sécurité ». C’est renoncer à une rente croissante. Produits structurés, revenus de garde, commissions primaires et secondaires : la manne est trop grande pour être ignorée. Et sur un cycle haussier, l’écart de performance entre un gestionnaire qui alloue une modeste tranche et un autre qui s’abstient devient décisif. Le premier surperforme, le second perd des mandats.

Des exemples qui parlent

La Banque nationale suisse (BNS), réputée prudente, détenait au 30 juin 2025 environ 749 300 actions de Strategy Inc., soit une position de plus de 300 M$ US. Autrement dit, une banque centrale européenne est exposée au bilan corporatif le plus chargé en bitcoins au monde.

Autre exemple : les régimes de retraite d’Air Canada. Leur gestionnaire, Trans-Canada Capital (TCC), a déclaré au deuxième trimestre 2025 plus de 1,45 million de parts d’IBIT (iShares Bitcoin Trust) et près de 773 000 parts de FBTC (Fidelity Wise Origin Bitcoin ETF). Valeur totale : environ 161 M$ US. Ce n’est pas une rumeur, c’est une déclaration officielle à la SEC.

Quant à Strategy Inc., le changement de nom, entériné le 11 août 2025, confirme son repositionnement assumé. Pour les investisseurs, son action devient une sorte de proxy de Bitcoin — et donc une exposition indirecte quasi inévitable.

L’exposition est déjà là

Même « sans en acheter », la plupart des institutions financières sont déjà exposées :

  • via des sociétés cotées qui servent de proxies ;

  • via la chaîne de valeur (paiement, garde, données, courtage) ;

  • via le crédit et les appels de marge adossés à des actifs corrélés ;

  • via les mandats clients exigeant une allocation bitcoin.

Nier cette réalité, c’est mal gérer à la fois ses risques et ses revenus.

En conclusion : l’exposition minimale devient le standard

Peu importe les convictions, les faits sont têtus. Bitcoin s’est incrusté dans les rouages du système financier mondial. Ne pas s’y exposer, c’est accepter un désavantage structurel. Refuser d’intégrer un téléphone intelligent en 2010 n’était pas une position morale ; c’était une erreur stratégique.

Aujourd’hui, les institutions qui continuent de dire « nous n’achetons pas de bitcoin » oublient qu’elles le détiennent déjà — parfois sans le savoir. Le marché les y a condamnées.

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