- Nov 25, 2025
L'argent que vous croyez connaître n'existe déjà plus !
- Le Crypto Coach
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Voici 5 vérités cachées sur la finance numérique...
Au-delà du paiement sans contact
Chaque jour, nous utilisons de l'argent qui semble de plus en plus immatériel. Payer avec son téléphone, effectuer un virement instantané, acheter en ligne : l'argent numérique est devenu une simple question de commodité, une couche de facilité appliquée à un système que nous pensons immuable. Nous voyons la vitesse et la simplicité, mais nous passons à côté de l'essentiel.
Sous cette surface familière se déroule une révolution silencieuse, une transformation profonde des fondations mêmes de notre système monétaire. Cette mutation, invisible pour la plupart, est orchestrée par de nouveaux outils financiers et des stratégies géopolitiques audacieuses. Cet article va lever le voile sur cinq faits surprenants concernant les stablecoins, la dette des États et l'avenir de l'argent, des révélations qui changent complètement la donne.
Les 5 vérités cachées de la nouvelle finance numérique
1. La véritable origine des stablecoins : moins une question de stabilité, plus une question de fiscalité.
L'idée la plus répandue est que les stablecoins, ces jetons numériques adossés à une monnaie comme le dollar, ont été créés pour offrir un refuge contre la volatilité des cryptomonnaies. Cette histoire est simple, logique, mais largement incomplète. Bien que servant aussi de refuge temporaire aux traders, leur véritable raison d'être est beaucoup plus pragmatique et disruptive.
Comme l'explique l'analyste Michel Khazzaka, leur fonction initiale était de permettre aux investisseurs de l'écosystème crypto de sécuriser leurs gains sans avoir à convertir leurs actifs en devises traditionnelles (euros, dollars). Pourquoi ? Parce qu'une telle conversion constitue un événement imposable. Le stablecoin est né comme un outil permettant de rester dans le jeu, de se mettre à l'abri des fluctuations, sans déclencher l'impôt sur la plus-value.
La raison d'être des stable coin [...] c'est évasion d'impôt c'est évasion fiscale. C'est je veux juste rester en crypto mais stable sans payer de l'impôt de sur la plusvalue.
Ce point de départ est crucial. Il démontre que les stablecoins ne sont pas un simple instrument technique, mais une innovation financière née d'une contrainte réglementaire. Ironiquement, comme le souligne Khazzaka, les véritables créateurs de cette brèche ne sont pas les acteurs de la crypto, mais l'État lui-même : « Ceux qui ont créé ou causé la création des stable coin ce ne sont pas les bitcoiners ou blockchainers c'est l'État c'est le régulateur ». Mais cette innovation, née d'une contrainte fiscale, a engendré un effet secondaire monétaire d'une ampleur insoupçonnée : une machine à créer de l'inflation cachée.
2. La « double dépense » : La machine à inflation cachée des stablecoins.
Le mécanisme économique derrière les stablecoins cache une anomalie aux conséquences massives : un système de "double dépense" qui injecte des liquidités invisibles dans l'économie mondiale.
Le processus, identifié par Michel Khazzaka, se déroule en deux temps :
Un investisseur achète pour 100 $ de stablecoins (ex: USDT ou USDC). La société émettrice, comme Tether ou Circle, prend ces 100 $ bien réels et les investit. Le gouvernement américain peut alors dépenser cet argent pour financer ses opérations.
Pendant ce temps, l'investisseur possède 100 $ de stablecoins qu'il peut dépenser, échanger ou utiliser comme il le souhaite dans l'économie numérique.
Ce mécanisme n'est pas un accident ; il est inscrit dans la réglementation. C'est l'État qui a imposé que le collatéral soit investi en grande partie dans des bons du Trésor. Le résultat est stupéfiant : le même capital initial de 100 $ est dépensé deux fois, simultanément. Ce phénomène porte un nom bien connu en cryptographie : la « double dépense ». Comme le rappelle Khazzaka, c'est précisément le problème que la preuve de travail de Bitcoin a été inventée pour résoudre. Selon ses estimations, si la croissance actuelle des stablecoins se maintient, ce mécanisme pourrait ajouter entre 3 % et 6 % d'inflation supplémentaire à l'échelle mondiale. Cette faille systémique, créatrice d'inflation, n'a pas échappé aux stratèges américains, qui ont décidé de la transformer en un puissant instrument de pouvoir.
3. Le « Genius Act » américain : Comment les stablecoins sont devenus un « impôt mondial ».
Ce qui aurait pu être perçu comme une faille du système a été transformé en un coup de génie géopolitique par les États-Unis. La stratégie américaine, que Michel Khazzaka qualifie de « Genius Act » et qui fut promue par Donald Trump, consiste à encourager l'adoption mondiale des stablecoins adossés au dollar. Cette stratégie intervient à un moment où les piliers traditionnels du dollar, comme le pétrodollar, montrent des signes de faiblesse.
Les décideurs américains ont compris que chaque fois qu'un citoyen égyptien, français ou polonais achète des stablecoins en dollars, il force indirectement l'émetteur du stablecoin à acheter de la dette américaine. Comme le formule Michel Khazzaka, c'est l'équivalent d'« une levée d'impôts [...] sur la planète Terre ». Le déficit américain se retrouve ainsi financé par l'épargne des citoyens du monde entier.
C'est là que réside le paradoxe : un outil issu de la promesse d'une finance décentralisée est devenu l'un des plus puissants instruments de renforcement de l'hégémonie du dollar. Pendant que les États-Unis transforment la finance décentralisée en outil d'hégémonie, quelle est la réponse de l'Europe ? Malheureusement, elle semble jouer sur un tout autre terrain.
4. Le projet d'euro numérique : La réponse décevante de l'Europe.
Face à cette offensive américaine, on pourrait penser que l'euro numérique est la contre-attaque stratégique de l'Europe. En réalité, le projet semble bien moins ambitieux.
La réalité, telle que la décortique Michel Khazzaka, est bien plus décevante : l’euro numérique n’est pas une monnaie. C'est la Banque Centrale Européenne elle-même qui le conçoit ainsi. Ses fonctionnalités seront volontairement limitées : il ne servira pas de réserve de valeur, avec des plafonds de détention très bas (environ 3000 €). De plus, un commerçant ne pourra pas l'encaisser directement ; les fonds seront immédiatement convertis en monnaie de banque commerciale via un mécanisme de « cascade inversée ».
Sa véritable fonction est donc celle d'un moyen de paiement modernisé, un système public destiné à concurrencer les géants américains Visa et Mastercard sur le sol européen, un besoin criant pour le continent. L'ambition affichée face à la réalité du projet fait penser à « la montagne qui accouche d'une souris ». Un décalage stratégique lourd de conséquences, qui illustre un problème plus large : de nombreux projets politiques sont élaborés sans tenir compte de cette nouvelle architecture monétaire.
5. L'angle mort politique : Quand les projets de société ignorent la révolution monétaire.
L'impact de ces nouvelles réalités monétaires est si profond qu'il rend obsolètes des pans entiers de la pensée politique traditionnelle. Le projet d'indépendance du Québec, tel que présenté dans le Livre Bleu du Parti Québécois, en est une parfaite illustration.
L'analyse de Guillaume Déziel, stratège numérique, est sans appel : le plan monétaire proposé est jugé « dépassé » et « naïf ». La raison est simple : il ignore complètement les nouveaux rails de la finance mondiale, notamment trois angles morts majeurs : les stablecoins comme véhicule du dollar, Bitcoin comme actif de réserve non souverain et la tokenisation des obligations d'État.
Il propose un modèle monétaire qui pourrait être enseigné dans un cours universitaire en 1998.
En guise d'alternative, M. Déziel propose un "Scénario 4" hybride, bien plus adapté aux réalités de 2025 : une monnaie nationale basée sur un panier d'actifs diversifié, un stablecoin québécois domestique pour les paiements, et une réserve stratégique incluant un actif non souverain comme Bitcoin pour assurer la résilience. Cette étude de cas démontre un risque majeur : tout projet politique, quel qu'il soit, est voué à l'échec s'il se base sur une vision du monde financier qui n'existe plus.
Qui gagnera la guerre monétaire du 21e siècle ?
Loin d'être un simple gadget technologique, la finance numérique a discrètement réécrit les règles du jeu monétaire mondial. Entre les stablecoins qui transforment l'épargne mondiale en financement de la dette américaine et des projets politiques qui semblent ignorer les vingt dernières années d'innovation, il est clair que la compréhension de ces mécanismes est devenue un enjeu de souveraineté et de pouvoir. La technologie et la géopolitique ont redéfini le terrain de jeu. La question qui demeure est la suivante : dans ce nouveau contexte, nos dirigeants politiques ont-ils seulement conscience du terrain sur lequel ils jouent, ou sont-ils en train de préparer le monde d'hier ?