L'ordinateur quantique brisera-t-il Bitcoin d'ici 5 ans?

Depuis quelques semaines, les discussions reprennent autour de l’idée que les ordinateurs quantiques pourraient casser la cryptographie de Bitcoin d’ici 2030. Anatoly Yakovenko (fondateur de Solana) a même parlé d’une probabilité de 50 %.

Alors, on panique ou pas ?

Pourquoi le quantique est un vrai risque...

Bitcoin repose sur deux briques cryptographiques principales :

• SHA-256 pour le minage (preuve de travail)

• ECDSA pour les signatures (preuve que tu détiens les bitcoins)

C’est cette deuxième brique qui inquiète. Un ordinateur quantique suffisamment puissant pourrait, en théorie, retrouver la clé privée à partir de la clé publique et signer des transactions frauduleuses.

Autrement dit, il pourrait voler des fonds dont la clé publique est déjà exposée sur la blockchain.

Où on en est vraiment ?

Pour l’instant, les machines quantiques existantes sont incapables de casser ECDSA sur 256 bits. On en est encore au stade expérimental avec quelques milliers de qubits peu fiables. Mais la recherche avance, et le NIST a déjà commencé à normaliser la cryptographie post-quantique (PQC) comme CRYSTALS-Kyber et SPHINCS+. Le but : être prêt avant que la menace soit concrète (NIST).

La force de Bitcoin : sa mise à jour par consensus

Contrairement à un système bancaire centralisé figé, Bitcoin peut évoluer. Si une menace devient tangible, la communauté peut adopter un soft fork ou un hard fork pour passer à un schéma de signatures résistant au quantum. Les adresses existantes devront être migrées vers de nouvelles adresses plus sûres, ce qui peut être coordonné bien avant une attaque réelle.

Les bonnes pratiques à adopter dès maintenant

Éviter la réutilisation d’adresses : chaque dépense expose la clé publique ; mieux vaut ne pas recycler les mêmes adresses.

Surveiller les propositions d’amélioration (BIP – Bitcoin Improvement Proposal) autour de la cryptographie post-quantique.

Migrer proactivement vers les futures adresses “quantum-safe” dès qu’elles seront disponibles.

Pas que Bitcoin : tout le web est concerné

Si un ordinateur quantique arrive à casser ECDSA, ce n’est pas juste Bitcoin qui est en danger, c’est aussi HTTPS, les VPN, les messageries chiffrées (Signal, WhatsApp, ProtonMail). Autrement dit, le problème serait mondial et les États eux-mêmes auraient tout intérêt à déployer en urgence des contre-mesures.

En résumé...

L'ordinateur quantique est un risque sérieux, mais il ne condamne pas Bitcoin. Au contraire, c’est une invitation à accélérer la recherche et à déployer des mises à jour avant que le problème ne soit critique. Bitcoin a la souplesse d’évoluer — ce qui n’est pas le cas des vieilles infrastructures bancaires.

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